Grand Trail des Templiers / 78 kms – 3650m de D+ / Dimanche 21 Octobre 2018

Les Templiers – késako ?

Pour celles et ceux qui débarqueraient sur la planète trail, le Festival des Templiers c’est LE trail historique français qui fêtera son 25ème anniversaire l’an prochain.

Avec aujourd’hui 15 courses au compteur, allant de la course pour enfants aux 100kms de l’Endurance Trail, le festival permet aux athlètes de tout niveau de venir découvrir un merveilleux territoire entre minéral et végétal, où les singles sont légion et les paysages à couper le souffle.

Mais du souffle, il en faut pour venir affronter ces chemins techniques et ce parcours en dents de scie qui a vite fait de vous faire monter dans les tours.

 

Take your marks !

Avec une préparation tronquée par une légère contracture au mollet gauche (la classique) 3 semaines avant l’échéance, les objectifs sont comme trop fréquemment revus à la baisse.

Les semaines qui précédaient ne m’avaient pas vu charger outre mesure, mais j’avais été en mesure de compléter mes sorties habituelles par du travail de renforcement musculaire, ce qui ne pouvait être que bénéfique me disais-je.

Grâce à un super programme de réathlétisation de ma nouvelle kinésithérapeute Pauline de chez PhysioForm-Paris, sécurisé par une séance d’ostéopathie chez Nathalie Bozec, je n’avais pas d’excuse pour ne pas être finisher cette année.

Me voilà donc embarqué sur la route de Millau le Vendredi soir avec Armelle, Xavier et Raphaël, copains de l’ESCXV avec lesquels j’ai la chance de partager ces quelques jours dans l’Aveyron.

Arrivée 3h du matin à notre gite sur Saint-Rome-de-Tarn, levé 9h pour emmener Raphaël au départ du Marathon des Causses, petit détour par le salon pour récupérer les dossards et visiter les quelques exposants, puis retour à la case maison pour une sieste salvatrice.

Retour sur la ligne d’arrivée où l’on croise Pierre qui vient à peine de finir la Boffi Fifty la banane aux lèvres. Nous voilà à scruter le Livetrail dans l’attente de notre autre champion du jour qui aura pris le temps de savourer ses derniers kilomètres 😉

Une petite pensée pour l’ami Justin qui aura été contraint d’abandonner du fait d’un genou récalcitrant, malgré une préparation du tonnerre !

Dîner dans une ambiance monacale, nous sommes déjà dans notre course. Le départ étant prévu pour 5h45, la nuit s’annonce une nouvelle fois courte mais c’est pour la bonne cause.

 

Let the Party begin !

A peine le temps d’enfiler notre petit déjeuner et notre équipement que nous voilà sur la ligne départ. On retrouve Nicolas qui arrive juste à temps pour la photo de groupe.

Traditionnelle musique d’Era pour la chair de poule, et le départ est lancé sous les fumigènes et les nombreux spectateurs qui auront eu le courage de venir affronter la nuit et les températures en baisse.

Afin de limiter les embouteillages habituels sur les côtes, l’organisation a eu la bonne idée de rajouter cette année quelques kilomètres de « plat ». Je me retrouve rapidement aux côtés d’Armelle et laisse filer Xavier, Nicolas fermant la marche.

La première montée se fait sans difficultés, calé dans un bon wagon. J’ai le temps de profiter de la vue sur Millau endormie, et de faire le point sur mon état général.

On attaque le plateau bien sagement, conscient du chemin qu’il nous reste à parcourir. L’ambiance est toujours magique dans ces premiers kilomètres nocturnes, où je profite de chaque instant entre souffles saccadés et foulées plus ou moins légères.

Les sens en alerte, j’entame un parcours proche du mystique où nuit et jour se confondent et bientôt la première descente vers Peyreleau.

 

Jusqu’ici tout va bien …

Je perds Armelle sur cette portion, et me vois sortir de mon doux rêve par un premier arrêt dès l’approche de la descente.

C’est en effet un single bien technique qui nous conduit jusqu’au premier ravitaillement, et nous voilà dans le 1er goulot d’étranglement tant redouté.

Difficile de ne pas sortir de sa course à cet instant, mais connaissant le parcours et m’étant préparé psychologiquement à ça, je relativise et profite pour souffler et m’alimenter.

Le jour s’est levé, les cloches de l’église ont du mal à couvrir l’ambiance de feu sur le village, mais rien d’étonnant sachant qu’Elodie nous fait le plaisir de nous y supporter.

Ravitaillement express car je crains l’attente sur le mur qui suit. C’est oublié l’ajout ici encore de quelques kilomètres de plat qui auront eu raison de moi. J’aurai mieux fait de revoir mon roadbook plutôt que de me fier à mes souvenirs d’il y a 4 ans …

Le dénivelé ne se fait pas attendre longtemps, et les 700 mètres de d+ qui m’emmènent jusqu’au second ravito sont plutôt bien digérés. Cette portion se fait sous un agréable soleil et un parcours toujours aussi plaisant pour les yeux et les sens.

 

Saint-André-de-Vézines / La-Roque-Sainte-Marguerite

5h de course déjà : il est grand temps de s’arrêter. Les premières soupes tombent à pic pour mon fragile estomac. Je complète avec fromage, pain d’épices, banane et pomme.

Je croise Armelle au moment de repartir. Elle a toujours la pêche et les jambes ont l’air de bien répondre. Je sens que je n’ai pas fini de la revoir sur le parcours 😀

11 kms doivent m’emmener jusqu’à La-Roque-Saint-Marguerite au kilomètre 46. J’ai pris le temps de bien refaire le laçage de mes Akasha que j’étrenne pour la deuxième fois seulement (c’est pas sérieux je sais).

On descend dans les cailloux, pour remonter un gros cailloux, et enfin redescendre en direction de ce joli village en pierres. Cette petite côte me met un peu dedans et je marche pour la 1ère fois de la course sur du plat.

Je finis par rejoindre le point d’eau dans un wagon bondé. Les coureurs s’accumulent sur ces singles techniques et la moindre bosse est sujet à ralentissements.

 

La course commence ici …

7h de course, 46kms mais « que » 1700m de D+ jusqu’ici. On peut dire que la course commence là.

Point positif : j’ai bien récupéré dans la descente. Hormis une petite gêne au genou côté gauche, mon corps m’a laissé en paix et je peux appréhender la suite sereinement.

Le public est toujours plus nombreux sur ce poste où je prends le temps de m’arroser et de remplir les flasques pour attaquer le prochain mur qui m’emmène jusqu’à Pierrefiche.

Les jambes répondent super bien à ma grande surprise (merci fentes et squats de début de saison). En un rien de temps, me voilà au 3ème ravito de l’épreuve sous un soleil tout à fait supportable.

La bonne nouvelle : je retrouve soupes, fromages et cie. La mauvaise : je rattrape Xavier qui traîne depuis quelques kilomètres une douleur sur le haut de la cuisse droite.

Le moral en prend un coup et je tâche de le remobiliser malgré mes craintes face à cette deuxième section qui de souvenir est la plus dure.

On repart dans la foulée l’un de l’autre, mais je me vois contraint de le laisser sur un faux plat montant n’ayant que peu d’avance sur la barrière horaire.

Comme prévu, cette portion s’avère la plus difficile à gérer. On alterne montées et descentes sur 18 kms pour 700m de D+ jusqu’à Massebiau, dernière barrière horaire du parcours.

Les jambes répondent bien, mais je sors un peu de ma course au passage à Pompidou me voyant plus loin que prévu. J’oublie dans le lot de m’alimenter, et ce malgré les nouveaux embouteillages qui me conduisent enfin au pied du Cade.

 

The Wall !

Massebiau me voici ! 1h d’avance sur la barrière mais encore un beau morceau qui m’attend. Je suis un peu dans le dur mais je ne m’en aperçois pas encore.

Les barres énergétiques ne me font plus envie, et je me dis autant en finir et attaquer la côte dans la foulée pour profiter pleinement du prochain ravitaillement.

Mauvaise idée ! Les jambes ne répondent plus du tout, et je peine à grimper ces 500m de D+ qui me séparent de la ferme du Cade.

J’ai beau pousser sur les cuissots, il me faudra plus d’1h pour m’extirper de ce traquenard. Je me fais pas mal reprendre sur le dernier faux plat, mais ce n’est plus le sujet. Il va falloir se remobiliser pour la toute dernière section nocturne.

Les regards autour de moi ne sont plus les mêmes que jusqu’alors, j’ai froid, pas de doute je fais une petite hypoglycémie.

Je m’arrête un long moment à ce dernier ravito où j’alterne soupes et alimentation solide. J’ai le plaisir de retrouver Armelle qui comme prévu fait une superbe course. Puis je suis rejoint par Nicolas avec lequel je repars sagement.

On ressort vestes et frontales et nous voilà sur les sentiers pendant que le soleil se couche tranquillement sur Millau.

 

Millau : here we go !

Nous voilà dans une descente bien technique et glissante au milieu des bois qui nous emmène au pied de la Puncho d’Agast.

Les sensations sont de retour, mais je reste vigilant car on n’y voit pas clair. La moindre seconde d’inattention peut ici vite nous mettre les quatre fers en l’air.

Je descends toutefois mieux que mes acolytes qui peinent avec leurs bâtons sur des portions aussi techniques où il est souvent nécessaire de se servir de ses mains.

Le faux plat qui suit à bord de ravin a de quoi vous faire frémir. On se concentre donc sur ce chemin étroit pour ne pas s’emmêler les crayons.

Le dernier mur se présente enfin. « Mur » étant un doux euphémisme pour cette côte où il faut régulièrement s’agripper et s’assurer de ne pas basculer en arrière.

Je lutte pour esquiver les pieds et bâtons du coureur qui me précède, tout en restant vigilant pour ne pas glisser et emmener mes partenaires de cordé dans ma chute.

L’antenne se présente enfin, et avec elle un léger sentiment de revanche à prendre par rapport à cette mauvaise gestion de fin de course.

Je décide donc de lâcher les chevaux jusqu’à l’arrivée, la connaissance de cette dernière portion étant un vrai plus à cet instant.

Comme sur l’OCC l’année dernière, je m’éclate littéralement sur ces derniers kilomètres en me faisant au passage quelques amis qui n’en demandaient pas tant.

La Grotte du Hibou vite expédiée, je poursuis mon slalom et finis par reprendre Armelle qui comme la plupart des participants à cet instant joue la prudence à juste titre.

La voix du speaker se fait de plus en plus présente, et me voilà enfin sur cette dernière boucle où les spectateurs sont toujours nombreux malgré l’heure avancée.

Je passe la ligne d’arrivée en 14h52, bien loin de la première moitié et encore plus loin de la tête de course. La satisfaction d’avoir pu finir sans casse et d’avoir pu prendre du plaisir sur la toute fin est cependant bien là.

 

This is the end …

Vite rejoins par mes compagnons de route, je savoure ces quelques minutes d’euphorie partagée et profite du copieux repas d’arrivée.

Je suis bien évidemment déçu pour Xavier qui aura fini par mettre le clignotant à Mas de Bru au kilomètre 63, mais content d’apprendre qu’il est déjà sur-motivé à l’idée de revenir prendre sa revanche l’année prochaine.

Retour à la maison bien assisté par l’ami Raphaël, une douche rapide et on file vite sous la couette les souvenirs plein la tête.

Que retenir de cette course:

  • Une organisation toujours bien ficelée qui permet à chacun de profiter pleinement de son aventure
  • Des parcours à couper le souffle par leur beauté et leur technicité où la notion de plaisir rime souvent avec dépassement de soi
  • Des ravitaillements toujours complets et des bénévoles aux petits soins avec chacun des participants
  • On regrettera égoïstement le nombre toujours plus important de coureurs qui obligera régulièrement à s’arrêter à l’approche de chaque portion technique

Ce qu’on appréciera enfin sur le Grand Trail des Templiers, c’est que cette épreuve reste, à la différence de ses grandes sœurs alpines, une véritable course où l’enchaînement des montées/descentes et les barrières horaires obligent à relancer systématiquement.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.